Histoire.
Fermée au culte depuis 1984, l’église du Bon Pasteur a servi d’atelier aux élèves
des Beaux-arts jusqu’en 2007. Depuis que l’école a migré sur les quais de Saône, l’église est désertée. L’édifice n’a jamais eu de perron… la porte principale est située plusieurs mètres au dessus du sol. Retour sur son histoire
Une comparaison avec l’église Saint-Bernard parait inévitable :
les deux églises ont été construites à quelques années d’écart pour les ouvriers en soie sur les pentes de la Croix-Rousse ;
Le projet de construction pour l’église Saint-Bernard nait en 1853
quand l’église provisoire du Bon Pasteur ouvre en 1856 ; Les deux édifices n’ont
pas été terminés : il manque un clocher et un parvis pour Saint-Bernard et l’église
du Bon Pasteur n’a toujours pas d’escalier pour mener à l’entrée principale située
à 3 mètres du sol ; et enfin les deux lieux ont été fermés au culte à quelques
années d’intervalle : 1984 pour le Bon Pasteur et 1992 pour Saint-Bernard.
Pourtant, l’église du Bon Pasteur n’a pas souffert des problèmes financiers de
Saint-Bernard
Après l’accroissement de la population des pentes ainsi que les révoltes
ouvrières des années 1831, 1834 et 1848,devient essentiel pour l’Eglise de
construire un nouveau lieu de culte, plus proche géographiquement du milieu des
pentes.
La paroisse de Saint-Bruno-les-Chartreux occupait alors tout le périmètre allant du cours des Chartreux à la montée de la Grande Côte. Le cardinal de Bonald désigne M. Callot pour fonder la nouvelle paroisse du Bon Pasteur.
Comme il s’agit d’une paroisse dédiée aux ouvriers en soie, la chambre de
commerce accepte de donner 25000 francs pour la construction de cette
église. En plus des diverses souscriptions ouvertes, le curé peut chercher un
emplacement. Il jette son dévolu sur la maison de la famille Bavilliers au 34 de la rue du Bon Pasteur : un vaste clos avec une petite maison sur le côté, au numéro 38, dans laquelle l’abbé Rozier avait vécu.
Filleule du couple impérial L’emplacement de l’église provisoire se situait entre la grande et la petite maison, avec deux portes sur la rue du Bon Pasteur. Quant à la paroisse, elle s’étend des remparts à la rue Burdeau et de la Grande Côte à la montée des Carmélites et la montée de la Tourette.
Afin d’aider la construction de l’église définitive, le curé a une brillante idée. Il
s’arrange pour que son église ouvre solennellement le 16 mars 1856 :
précisément le jour de la naissance du prince impérial, fils de Napoléon III et l’impératrice Eugénie. Le couple impérial avait annoncé qu’il adopterait, en qualité de parrain et marraine, tous les enfants nés le 16 mars 1856. M. Callot écrit alors une
lettre à l’empereur et demande l’adoption de son “enfant spirituel”. Le 29 mars
suivant, un décret impérial établit l’existence légale de la paroisse du Bon
Pasteur.
En 1860, le couple accepte de traverser la paroisse lors d’un voyage à Lyon.
Lorsque M. Callot est nommé évêque d’Oran, l’institution des Chartreux choisit
l’abbé Durand pour le remplacer en 1867.
En 1869, l’impératrice revient sur les pentes de la Croix-Rousse avec son fils pour
poser la première pierre de l’édifice. Mais comme l’abbé n’avait pas encore choisi le
lieu définitif de la nouvelle église, la première pierre n’est pas posée sur le bon
a l’ emplacement mais à l’endroit de la cure. Malgré l’avis de la plupart des paroissiens de construire l’édifice dans la rue du Bon Pasteur, l’abbé Durand choisit la rue Neyret. Il tient à ce que son église surplombe le Jardin des Plantes. Mais il faut pour cela exproprier l’immeuble érigé à l’emplacement voulu et détruire la caserne située devant cet immeuble (la caserne est aujourd’hui remplacée par le bâtiment de l’ancienne école des BeauxArts). Après un refus, la ville accepte finalement et rembourse 75000 francs des 90000 que l’abbé a déjà versés pour l’achat du bâtiment. Une fois l’immeuble détruit, un mur de soutènement doit être construit. Les travaux sont couteux et le préfet refuse de financer ces travaux. Il réclame un autre emplacement. Mais devant l’insistance de l’abbé, la ville cède et débloque les fonds.
En 1875, le plan de l’architecte Clair Tisseur est accepté par le Conseil municipal qui prévoit 400 000 francs pour la construction de l’escalier manquant La façade devait théoriquement être parée d’un perron de 4.50 mètres de largeur avec une rampe d’escaliers droits.de chaque côté. D’après l’abbé Mury,dans son ouvrage Le Bon-Pasteur, édité en 1906 : “pour l’exécution entière du plan, on promettait de dégager le devant de l’église en démolissant la caserne, tout en remettant l’exécution de ce dernier point à une époque ultérieure indéterminée.
Y eut-il vraiment promesse ferme de faire disparaître la caserne, et quelle est la personne autorisée qui se fit le garant d’un tel engagement ? Aucune pièce officielle ne l’indique”. Le perron n’a jamais pu être bâti.Le terrain n’a jamais été cédé à l’église et une fois la caserne détruite, la municipalité choisit de construire, peut être
par provocation, un bâtiment de style néo stalinien pour accueillir l’école
nationale des Beaux Arts.Quant au plan de Clair Tisseur, il n’est pas respecté dans son intégralité.
L’abbé veut un clocher beaucoup plus haut que ce que l’architecte a prévu. Un
clocher qui se voit de loin. “Il gagna à sa cause M. Malleval, premier commis de
M. Tisseur, et on commença un clocher octogonal”, précise l’abbé Mury. Malgré les demandes, par main d’huissier, de l’architecte pour détruire le commencement de clocher, l’abbé Durand persiste et fait achever son projet.
Finalement l’église du Bon Pasteur est construite dans le style néo roman avec
un clocher qui culmine à 40 mètres au dessus du faîte de l’édifice.
Le 15 juin 1879, l’église ouvre ses portes pour la première fois aux paroissiens.
“On transporta solennellement et en procession le Très Saint-Sacrement de
l’église provisoire dans la nouvelle ; On passa par le portail qui fait communi-
quer la rue du Bon-Pasteur avec la terrasse de la cure, et on descendit par un
mauvais escalier de terre et de bois partant de la terrasse et aboutissant à la
porte latérale droite de l’église, seule porte d’accès possible jusqu’ici”.
D’après l’abbé Mury, l’église était pleine ce jour-là, mais “cette affluence de
paroissiens ne devait guère plus se renouveler qu’aux grandes fêtes de l’an-
née”.
Enfin le 11 juin 1883, l’église est terminée et consacrée par Monseigneur
Caverot, archevêque de Lyon. Pour l’occasion, M. Durand demande l’autorisation à la ville de placer un escalier provisoire afin que l’archevêque entre par la
D’après “Le Bon-Pasteur, de l’abbé Mury
Atelier d’artistes En 1984, l’église du bon-Pasteur est fermée au culte. Et, comble de l’ironie, ce n’est pas le lieu de culte qui profitera du terrain des Beaux Arts pour construire son perron, mais les Beaux Arts qui se serviront de l’édifice religieux comme d’un atelier artistique jusqu’au déménagement de l’école en 2007.
L’église n’a encore pas été désacralisée.D’après l’archidiacre de Lyon, cette
cérémonie devrait se faire bientôt. La mairie du 1er arrondissement pense,
quant à elle, détruire le bâtiment des Beaux arts pour faire une esplanade sur
le Jardin des plantes….
Source documentaire : Dominique Rey
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